«Idazketa labana bat da» IRUTXULOKO HITZAn
Viernes 22 de Noviembre
Par Nicolas Massol — 2 septembre 2018
Adjoint à la mairie de Paris chargé du Logement depuis 2014, Ian Brossat a été confronté à l’explosion des plateformes de location meublée de courte durée dans la capitale, première destination mondiale d’Airbnb depuis 2015. Dans son livre Airbnb, la ville ubérisée (1), celui qui a été désigné cet été tête de file des communistes aux européennes de mai 2019 analyse les effets de la plateforme américaine sur les villes, et raconte son action pour réguler cette activité.
Deux ans après l’ouverture de son bureau parisien, la croissance d’Airbnb dans la capitale est vertigineuse : entre 2013 et 2016, le nombre de nuitées facturées a bondi de 4 à 37 millions sur l’ensemble de son activité. Non sans conséquences, souvent désastreuses. Au premier rang desquelles, l’aggravation d’un phénomène déjà ancien : la désertification des centres-villes, qui deviennent des musées habités essentiellement par les touristes. Avec un lot de nuisances pour ceux qui y vivent encore.
Le livre de Brossat dénonce une véritable «économie de la prédation». Et une volonté, chez la plateforme domiciliée à San Francisco, de ne pas se soumettre aux lois qui encadrent et régulent son juteux business. Petit rappel : depuis la loi Alur de 2014, seules les résidences principales peuvent être louées sur les plateformes, et ce dans la limite de 120 nuitées par an. Légalement, Airbnb peut donc constituer un complément de revenus pour des particuliers, mais pas une activité pour des professionnels. Or la mairie estime qu’au moins 20 000 logements parisiens sont loués via Airbnb par des investisseurs immobiliers, en toute illégalité.
Elu du XVIIIe arrondissement, Ian Brossat évoque l’existence à Montmartre d’«immeubles entiers transformés en hôtels clandestins par des multipropriétaires présents sur les plateformes.» Et pour cause : la location meublée de courte durée est bien plus rentable que la classique, plus encadrée. Ian Brossat raconte dans son livre comment il a dû batailler contre Airbnb et ses lobbys pour faire appliquer la loi : mise en place d’un numéro d’enregistrement obligatoire pour les annonces, renforcement des équipes de contrôleurs et des opérations «coups de poing» pour traquer les locations illégales, doublement des amendes… Le livre est autant un réquisitoire contre Airbnb qu’un plaidoyer pro domo pour «une mandature décisive dans la lutte contre l’ubérisation de la ville lumière».Et un appel à un sursaut citoyen. Ian Brossat en est convaincu : l’Union européenne est l’échelon qui peut répondre aux géants du numérique. Encore faut-il que l’UE change d’orientation, estime-t-il. Nul doute qu’il portera ce débat au cours de la campagne.
(1) Airbnb, la ville ubérisée (éd. La ville brûle). Sortie en librairies le 6 septembre.
Nicolas Massol